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A la source

C’était il y a 2 ans.

 

Je me suis mise à ramasser des choses dans la nature.

Je crois que ça a commencé à l’Arboretum de Nogent sur Vernisson.

A moins que ce ne soit dans la forêt de Wimmenau en Alsace…

Des morceaux d'écorce, des pierres, des brindilles , des plumes.

Et je les ai ramenés chez moi à Paris.

Régulièrement.

 

J'ai fait entrer la forêt dans mon antre... Branches aux mouvements gracieux, bouts de bois qui sculptés par le temps qu’il fait et celui qui passe deviennent des créatures, pommes de pins, de sequoias, de cèdres du Liban, feuilles de magnolias dont il ne reste que l’ossature devenues dentelle à force d’avoir macérées dans leur jus de pluie…

Et autres matières sacrées dont j’ignore encore le nom.

 

Quelques temps plus tard, peut-être lorsque j’ai vu que mon studio était en train de devenir une jungle, j'ai pris de la ficelle et de la colle et j'ai commencé à fabriquer un mobile.

Puis, le mois suivant, un deuxième.

Et un troisième.

Sans précipitation.

Assembler ces restes de nature.

Ne rien décider par avance.

Les relier et leur redonner vie.

J’écris cette dernière partie depuis chez moi, je me suis arrêtée un moment en entendant des petits bruits secs sur mon balcon, je vois de ma fenêtre un petit oiseau posé sur mon stock de matières qui s’acharne à retirer un morceau de ce qu’on appelle couramment monnaie du pape. Il y parvient et s’envole, butin au bec, sans doute pour faire son nid.

Je disais quoi ?

Ah oui.. Redonner vie…

 

Chaque mobile a son histoire, c'est à chaque fois un voyage unique.

Je n'en connais jamais à l'avance la destination. Parce que si je la prévois, je reste à quai.          

 

Les mobiles que je crée sont faits pour aller chez les gens.

Il se peut que certains d’entre eux aient l’allure de grigris.
48 d'entre eux sont déjà partis danser dans d'autres lieux :  dans
l'entrée d'un appartement, sur une terrasse, dans un cabinet de soin, une chambre d'enfant, un salon, une salle de bain, dans une MJC, sous le porche d'une maison ...

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Sophie Leclercq

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